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Message par Elia Dim 16 Nov 2008 - 10:29

Aire de stockage d'armement nucléaire pique n°22, 22h34

La cabine de surveillance était très tranquille...

Le ronronnement et les bips réguliers des ordinateurs, les flashs lumineux des multiples écrans basculant d'une caméra à l'autre avec une régularité de métronome, le souffle tranquille d'un climatiseur, et une sorte de miaulement éraillé qui s'avérait provenir d'une minichaîne vétuste lisant des chansons toutes aussi vétustes, se chargeaient de donner au lieu une atmosphère rassurante et apaisante propice au repos. D'ailleurs, le lieutenant Samuel Kellington, préposé à la surveillance de l'entrepôt et seule âme qui vive en dehors des périodes d'inspection, dormait présentement comme un bébé. Négligence ? Pas vraiment... La technologie pique avait évolué au fil des âges jusqu'à un degré où la présence humaine n'était plus qu'à peine nécessaire, et se bornait à confirmer les décisions les plus risquées de la machine ou à l'assister quand elle tombait sur un cas qui laissait son programme indécis, ce qui n'arrivait plus qu'assez rarement. Le reste du temps, la seule tâche qu'on imposait à l'opérateur était de survivre en solitaire et de se garder en bonne santé, et, à en juger par son embonpoint conséquent, les chaussons de fourrure à ses pieds, et le sourire qu'il arborait jusque dans son sommeil, l'homme s'en accomodait plutôt bien.

Soudain, au milieu des diverses sonorités de la machinerie, un petit bip discordant retentit. Puis un autre. Et encore un autre. Ce fut bientôt une symphonie de signaux d'erreurs venus de toute part qui envahirent la pièce. Puis un silence oppressant, pendant lequel les écrans demeurèrent immobiles, donnant l'impression que la machine réfléchissait.
Enfin, l'échéquier géant qui occupait l'écran principal s'effaça pour laisser place à un visage blanc évoquant un masque vénitien, dont les lèvres s'agitèrent alors qu'échappaient des hauts-parleurs fixés aux murs de la salle un murmure contrit :

"Monsieur Kellington..."

L'homme remua vaguement, mais il dormait toujours. Le visage émit un soupir parfaitement synthétisé et stéréotypé, puis la voix reprit un peu plus fort :

"Monsieur Kellingtooooon..."

Devant l'absence de résultat de cette méthode, un nouveau soupir surgit des hauts-parleurs, puis un bras robotisé s'échappa d'une ouverture, aggripa le fauteuil du lieutenant, et l'agita violemment :

"OH ! SAMUEL !!!"

L'homme s'éveilla en sursaut :

"Hein... Euh... Quoi ? Qu'est-ce qui se passe, Bernardo ?"

La voix fusa des hauts parleurs sur un ton excédé :

"Je vous ai déjà mille fois demandé de ne plus m'affubler de surnoms ridicules, monsieur... Enfin, en l'occurence, c'est accessoire. Le problème qui nous occupe est qu'un véhicule motorisé se dirige vers nous à vive allure."
"Identification ?"
"Néant, monsieur. J'émet régulièrement des demandes sur le canal usuel, mais les réactions de l'opérateur du véhicule amènent à se demander si les messages sont reçus"
"Des précisions sur le véhicule ?"
"Identification en cours... Terminée. Il s'agit d'un véhicule civil, une motocyclette lourde à large cylindrée. Certaines de ses caractéristiques techniques identifiées et quelques éléments de son apparence, comparés avec la description du modèle original présente dans notre base de donnée, laissent présager qu'elle a subi plusieurs modifications ayant trait à l'augmentation de la puissance du moteur et du volume sonore émis, ainsi que d'autres modifications non fonctionnelles ayant vraisemblablement un caractère esthétique"

En surimpression sur l'écran apparurent des modèles tridimensionnels en rotation de l'appareil avant et après modification, les parties concernées étant mises en évidence par un halo rouge clignotant. Puis la voix poursuivit :

"Le véhicule se dirige actuellement droit vers l'entrée principale à la vitesse de deux cent cinquante kilomètres-heure et l'atteindra dans vingt-trois minutes si l'on admet que le conducteur tentera de s'arrêter avant d'entrer en choc frontal avec la porte. Les systèmes de défense sont actuellement braqués et prêts à intervenir, mais j'hésite à donner au conducteur un statut supérieur à celui de danger potentiel, étant donné que son seul délit actuellement connu soit d'enfreindre les limitations de vitesse en vigueur sur le territoire et de mettre ainsi sa propre vie en danger. Que suggérez-vous ?"
"De quelles informations disposons-nous sur le conducteur ?"
"Il est apparemment inconnu de nos bases de données, monsieur. Désirez-vous une recherche d'informations standard ?"
"Fais, je te prie."

Une image du conducteur de la motocyclette apparut, et Samuel put le contempler un moment, laissant à l'ordinateur le temps d'effectuer une poignée d'opérations gourmandes en temps et en puissance de calcul.

A vrai dire, il était difficile de dire quoi que ce soit du cliché en mouvement qui s'affichait à l'écran. Tout ce qu'on apercevait était un énorme amas de fourrures au travers duquel il était impossible de voir... pour un être humain ! Une image aux rayon X au flou imperceptible s'afficha rapidement, confirmant ainsi les soupçons que le lieutenant avait conçus en observant l'image : un être aussi frileux ne pouvait être...

"Une femme !"
"Effectivement. Et un certain nombre de détails physionomiques m'amènent à affirmer que la probabilité qu'elle vienne d'un autre continent est de quatre vingt pourcents, parmi lesquels la probalité de loin la plus forte est celle d'Elbuc, avec quarante sept pourcents."

Le lieutenant prit sa tête dans ses mains. Qu'est-ce qu'une trèfle fichait à jouer avec sa vie sur un traîne-couillon en plein milieu de la toundra pique ? Qui plus est, sa trajectoire ne laissait pas de doute quand à sa destination, et celà impliquait de graves questions : comment avait-elle eu connaissance de l'existence du dépôt ? Et que comptait-elle faire ?
Il alluma un cigare en contemplant d'un air sombre l'image à l'écran et le petit schéma animé représentant sa position sur une carte en temps réel et exhala quelques bouffées de fumée au travers desquelles on n'apercevait guère plus que le reflet de la lumière des écrans sur ses yeux, puis d'un coup son visage s'éclaira : le style d'action lui rappelait fortement une personne dans sa vie, la seule qui soit du genre à agir de façon aussi gonflée et corresponde au reste du signalement. Une personne qu'il n'avait pas croisée depuis un bon bout de temps... Il murmura

"Charles-Edouard ?"

Un murmure excédé répondit

"Oui, monsieur ?"
"Aurais-tu à ta disposition un moyen d'expédier un message audio à cette demoiselle ?"
"C'est possible, via les avertisseurs sonores de la base. Par contre, pour que vous receviez ses communications en retour si il y en a, il faudra qu'elle éteigne son véhicule et s'approche d'un microphone."
"Ca, j'en fais mon affaire. Donne-moi juste le contrôle de ces hauts-parleurs."
"Tout de suite, monsieur !"

*
*****


VA-VOOooOOomMM !!!

Elia, la manette des gazs poussée à fond, filait dans les steppes glacées décorées d'un arbre sans feuilles de ci de là en grelottant. Elle avait beau faire, elle ne se ferait jamais au climat et à la végétation pique. Elle ne comprenait même pas qu'il ait pu y avoir des guerres entre Pesda et Elbuc tant les soldats devaient en souffrir. Le froid et le manque de vie du continent pique lui évoquait un tombeau.

Mais bon, ça lui arrivait quand même de s'y rendre. Quand les affaires étaient mauvaises et qu'elle avait néanmoins des stocks à écouler, pour se procurer certains produits et ustensiles dont les Piques seuls avaient le secret, ou encore (et surtout) quand des bonhommes patibulaires de la brigade des stupéfiants et de la répression des fraudes commençait à s'intéresser de trop près à ses activités et qu'elle ressentait un besoin urgent de changer d'air pour quelques temps. Et puis, même si elle ne le reconnaîtrait pas forcément, elle avait fini par se faire quelques amis sur ce continent bizarre, nouer quelques liens qu'elle avait toujours plaisir à recontacter de temps en temps...

Dans le cas présent, se souvenant de la dernière fois qu'elle avait rendu visite à cet ami-là, Elia avait commencé en premier lieu par se procurer un moyen de transport rapide. Elle se souvenait encore de sa dernière course dans la neige sur les centaines des kilomètres glacés qui la séparaient de l'endroit, qui lui avaient gercé les coussinets et laissé une grippe durable, et ne souhaitait pas recommencer... Même si la moto la mettait fortement mal à l'aise, elle avait bien retenu une chose : plus on roule vite, plus c'est stable. Par conséquent, elle essayait de rouler avec la manette des gazs en butée autant que possible, ignorant les miaulements plaintifs du moteur et de la jauge de combustible... Après tout, ce n'était pas si différent d'un vélo, une fois qu'on était dessus !

C'est alors qu'Elia était perdue dans ces pensées qu'une voix atrocement déformée surgie d'espèces de clairons disposés ça et là lui hurla dans les oreilles :

"Vous approchez d'une base militaire ! Nous vous sommons de rebrousser chemin ou de vous arrêter au premier pupitre en granit que vous croiserez sur la droite de la route et de décliner votre identité, faute de quoi nous laisserons les systèmes de sécurité de la base entrer en action et ne répondrons plus de votre état de santé !"

Etait-ce bien lui ? Difficile à dire, les hauts-parleurs déformaient trop, et depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu elle avait complètement oublié le son de sa voix... En tous cas, un pupitre apparaissait déjà à l'horizon, quoique bien dissimulé au point que sans l'énorme voyant vert clignotant Elia ne l'aurait sans doute jamais remarqué il fallait bien dire, aussi la Trèfle, se souvenant de sa lointaine pratique de la bicyclette, écrasa les manettes de frein. La chute fut spectaculaire, mais, heureusement pour l'herboriste, l'importante masse de fourrures qu'elle portait amortit le choc suffisamment pour lui éviter de graves séquelles, pendant que la moto poursuivait son chemin sur une cinquantaine de mètres à l'horizontale. Elia se releva péniblement, tituba vers le pupitre, et murmura "et maintenant ?". Une voix, différente de la précédente, plus métallique encore si c'est possible, tonna et lui déchiqueta les tympans en réponse :

"Veuillez appuyer sur le bouton et parler, s'il vous plaît !"

Elia marmonna quelque chose de très raciste à l'égard des Piques, de leur technologie, et de leur pollution sonore du milieu naturel, puis chercha quelque chose évoquant le klaxon de la moto qu'elle chevauchait quelques temps plus tôt sur le pupitre, trouva, et appuya dessus. La première voix retentit, mais surgie du pupitre cette fois donc à un volume bien plus supportable :

"Oui ?"

Elia hésita un moment, puis se lança :

"Samuel Kellington à l'appareil ?"
"C'est bien moi."
"Le nom d'Elia vous rappelle-t'il encore quelque chose ?"

La voix mit quelque temps à répondre, et quand la réponse vint ce fut sur un ton légèrement amusé :

"Il se pourrait bien."
"Si elle se présentait, voudriez-vous bien vous abstenir d'ouvrir le feu sur sa personne et lui ouvrir la porte de votre imposant logis ?"
"Je pense que la personne pourrait effectivement être considérée comme un de mes proches et à ce titre bénéficier d'une autorisation non officielle d'entrée en ces lieux, si toutefois elle était en mesure de prouver son identité..."

Elia s'énerva. Cette conversation formelle l'agaçait.

"Sam, je sais que tu dormais devant tes foutus écrans avant que la machine qui pense à ta place ne te réveille, que depuis tu me fliquais en permanence, que tu viens de me voir me vautrer bien méchamment à l'instant, que tu as ri comme une baleine devant ton écran, que ce nom de baleine doit d'ailleurs très bien t'aller vu que t'as encore dû prendre un kilo ou deux à force de ne jamais sortir de ta cabane métallique, que tu sais très bien qui je suis, et qu'encore maintenant tu dois te retenir pour ne pas te gondoler devant notre discussion ! Alors voudras-tu bien me laisser entrer avant que je ne casse tout, en prenant le temps qu'il faudra ?"

Un éclat de rire retentit dans l'interphone.

"C'est bon, tu viens de prouver ton identité de façon convenable, je ne connais pas d'autre personne qui soit du genre à menacer d'anéantir une base militaire à elle toute seule. Allez, viens, petite peste ! Et rappelle-toi, la moto c'est pas comme une bicyclette, quand on freine il faut le préparer à l'avance !"

Elia lâcha le bouton de l'interphone, mettant un terme son un rire gras avec un soupir excédé mais un large sourire qu'elle ne contrôlait pas et n'assumait certainement pas, et alla récupérer la moto cabossée...


Dernière édition par Elia le Lun 24 Nov 2008 - 23:13, édité 1 fois
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Message par Elia Lun 24 Nov 2008 - 23:05

Une demi-heure plus tard, le véhicule arriva aux portes de l'énorme hangar de stockage fortifié, des portes de trente mètres de large sur dix mètres de haut conçues pour laisser passer des sous-marins nucléaires (en morceaux s'entend) ou d'énormes ogives dont le système de sécurité devait être surveillé avec une attention démesurée étant donné que le moindre faux contact dans leur carte électronique se traduirait par un risque de voir le quart du continent pique disparaître de façon définitive et le reste être envahie par des radiations soumises aux lois de la relativité restreinte (comprendre relativement meurtrières) pendant une durée de plusieurs millions d'année. Depuis la fin de la course aux armements, en effet, les gouvernements piques successifs, qui n'avait pas pu se résoudre à l'idée de démanteler totalement des armes, certes un peu datées, mais dont la recherche et le développement avaient coûté plusieurs centaines de milliards, avaient décidé de les entreposer plutôt en lieu sûr, dans l'espoir que des temps plus propices viendraient où on saurait leur trouver une utilité, comme détruire un astéroïde menaçant Decenta ou quelque chose de ce genre.

En l'occurence, face à ces portes gigantesques de la Géhenne de l'atome, Elia se sentait comme les fois précédentes vraiment prise au tripes. C'était... grand ! Elle se reprit cependant plus rapidement que la fois précédente, et vint tambouriner à coup de pieds dedans afin que Samuel lui ouvre, profondément persuadée (à raison) que celui-ci savait pertinemment qu'elle était arrivée et n'avait laissé ces portes fermées que pour le plaisir de la voir enrager et cogner. Cet homme avait vraiment des fantasmes bizarres...
Finalement, la porte s'entrouvrit assez pour laisser passer Elia, qui s'empressa de s'engouffrer au travers en traînant la moto par un bras, avant de se refermer derrière elle.

Arrivée dans la cour de l'édifice, Elia lâcha la moto, la laissant s'écrouler dans un vacarne réprobateur de métal outré, et jeta un regard circulaire en se laissant envahir par le flot des souvenirs...

*


Samuel... La première fois qu'elle avait dû fuir Elbuc à toutes jambes (ou plutôt à toutes pattes), elle ne s'était arrêtée qu'une fois arrivée en plein milieu de terres givrées pesdanes, à moitié morte de froid, se demandant si elle n'aurait pas mieux fait de se laisser arrêter. Mais c'était trop tard, elle s'était totalement perdue. Où qu'elle porte son regard, elle ne voyait que de la neige, partout, un paysage morne et uniforme, les arbres morts... Elle avait couru au hasard, en quête d'une ville, de quelqu'un, mais, finalement, après quelques heures le froid mordant auquel elle n'était pas du tout habituée s'était montré plus fort qu'elle, et elle avait fini par s'effondrer dans la neige, grelottante, et s'endormir doucement...

En théorie, elle aurait dû mourir ce jour là. Mais toute vie présente une part de hasard plus ou moins importante, et celle d'Elia était plutôt riche sur ce plan. (NdA : et, de plus, l'attraction exercée sur moi par certains stéréotypes est bien trop forte...)

La première chose qu'Elia avait ressenti en sortant du sommeil, c'avait été l'odeur de la nicotine. Une odeur puissante, lourde : l'air en était littéralement saturé. La jeune femme s'était immédiatement sentie rassurée sur le fait qu'elle était bien vivante. Il était nécessairement interdit de fumer au paradis dans un soucis d'amour de son prochain, et en enfer par pure mesquinerie à l'égard des fumeurs. Ensuite, au fur et à mesure qu'elle émergeait, Elia avait perçu une poignée d'autres choses : le ronronnement de nombreux ventilateurs, une douce chaleur dans laquelle elle baignait... Et, finissant par gâcher ce doux retour progressif à la conscience, la douleur, faisant son apparition à divers endroits de son corps et lui arrachant moults gémissements et grimaces. La vue avait été longue à revenir totalement : elle voyait trouble, et de toutes façons le paysage ne lui était pas familier. Pas du tout. C'était mal éclairé, construit avec des plaques de métal, de plastique, et de verre, et apparemment décoré avec un mauvais goût rare en plus de sentir le renfermé quand on passait outre le tabac. Elia avait déduit de ces dernières observations qu'elle avait affaire à l'antre d'un membre du sexe masculin.

Une grosse main s'était posée en douceur sur sa tête, et Elia s'était laissée faire et caresser, faisant le bon cabot bien obéissant et glanant câlin sur câlin en grondant doucement du fond de la gorge. Elle ne savait pas du tout à qui appartenait cette main, et s'en fichait royalement. Le simple fait qu'elle soit au chaud montrait que c'était quelqu'un de bien. Alors qu'Elia savourait le plaisir de se faire gratter derrière les oreilles avec application, une voix avait tout cassé en murmurant :

"Quelle dignité !"

C'avait été les premières paroles que lui avaient adressé Samuel Kellington alors qu'elle était consciente. Il arrivait parfois à Elia de se demander si elle lui pardonnerait un jour. En l'occurence, elle avait repoussé la main d'un méchant coup de patte, repris forme humaine, et marmonné :

"Qui êtes-vous ?"

La discussion avait duré un long moment, en bonne partie parce que chacun cherchait à en savoir un maximum sur l'autre tout en l'arrêtant sans cesse dans son récit, pour lui faire répéter un mot mal compris à cause de l'accent ou pour avoir des éclaircissements sur tel ou tel point culturel inconnu. Il s'appelait Samuel Kellington. Son boulot était de garder un hangar de stockage d'armes nucléaires (ce simple point avait amené un débat d'une bonne heure). En rentrant à la base après avoir été faire ses emplettes de nourriture à la ville, il avait manqué lui rouler dessus. Pris de pitié, il l'avait emportée avec lui. Il avait rapidement compris qu'elle n'était pas un renard ordinaire parce que les renards du coin avaient beaucoup plus de fourrure, et en avait eu confirmation ensuite parce qu'elle grognait dans son sommeil inconscient d'une façon qui évoquait de beaucoup des mots. Et la voilà arrivée dans son "magnifique logis"...
Puis ils avaient parlé de chose et d'autre, encore et encore... Elia s'était prise à aimer ce petit bonhomme bien sympathique, et lui avait demandé la permission de s'incruster pour un moment dans son "chez lui", où elle était sûre que personne ne songerait jamais à la chercher, permission obtenue sans difficulté d'un Samuel enthousiaste d'avoir un peu de compagnie dans son hangar d'où il ne sortait que pour faire les courses tous les trois mois.

Le temps avait passé, un mois, deux... La relation entre les deux avait changé au fil du temps, fluctué, eu ses hauts et ses bas, beaucoup d'engueulades gentilles, mais quand Elia avait décidé de rentrer chez elle, il y avait eu des larmes pour tout le monde...
C'est alors qu'il avait été fouiller dans le hangar et en avait ramené un canon à plasma qu'il avait généreusement offert à Elia malgré ses protestations amusées, en lui disant que comme ça elle avait de quoi tenir le fisc et les stups à distance. Il avait aussi réussi à lui "arracher" la promesse de revenir le voir chaque fois qu'elle avait besoin de vacances, promesse qu'elle aurait tenue de toutes façons. Et c'est ainsi que désormais, au rythme d'à peu près trois ou quatre fois par an, Elia repassait dans le coin pour retrouver son copain pique, seule personne de Decenta pouvant se vanter d'avoir une place dans son coeur et dans son lit ne dépendant pas de la distance et du temps.

A chaque fois, chacun essayait d'inviter l'autre à résider de façon permanente avec lui afin de simplifier les choses et de pouvoir passer plus de temps ensemble, mais c'était deux têtes de pioche, et aucun des deux ne serait du genre à lâcher son pays pour l'autre... du moins, ç'avait été le cas jusqu'à maintenant.

*


Laissant là ses souvenirs face à la sensation croissante de congeler sur place et une envie de se rafraîchir un peu la mémoire, Elia se précipita vers l'espèce de cabane en tôle située dans un coin de la base et s'y engouffra, claquant la porte derrière elle...

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